« Tergiversations » graphite et collage sur papier / 2015
La fausse sérénité des plaines africaines. Notre rêve n’est plus qu’une corne au vent.Ne plus attendreSans feindre d’absurdes émotions, rire est le souple pont entre ma bouche et la tienne.Dans ma bouche je modèle goulûment la saveur de ta peau sombre.En vain je t’encercle de spirales exsangues. Personne n’aperçoit l’abîme profond de ton indifférence.Calmement, croire en tout…Réponds à ma tendresse. Si vaste l’ivresse.Seule, je suis en lignes grises, rouges et noires d’étendues blanches. Rythme nonchalant de la mémoire.Empreinte ferreuse de mes ancêtres. Longs siècles indiens de rouge tâchés.Faire semblant, prendre le soin de plaire avant tout. Être creux à ce point, l’incontournable soi…N’importe quelle pirouette pourrait nous faire croire que nous maîtrisons quoi que ce soit de cette existence.Une attente lente comme ton souffle rauque de fin de nuit.Mieux vaut l’éclat des yeux, les caresses glissantes, tes mains complétant les abruptes failles de mon anatomie.Survoler de mes hanches la blancheur de tes cuisses. Couronner ton désir qui pulse fou au creux de ma main.Un rien comble ces vides. Ces creux qui s’entêtent à mouler mes moindres persévérances.De la beauté.Nulles théories n’atteignent le poids de l’être et son essence.Trompeuse réalité que celle de se croire au dessus de tout.Nul mouvement n’a idée précise sur l’étendue de son élan.Si le doigt de l’ange avait légèrement bifurqué de son chemin, nous n’aurions pas perdu la connaissance de toute chose, mais seulement un peu de joues…Les contorsions peuvent être multiples, les raccourcis modérément bissés, les gifles de la réalité nous surprendront toujours…La peur de la mort ne serait pas plutôt la crainte de rester tout seul pour toujours?Toute diversion n’a d’autre mission que de nous détourner de la sempiternelle angoisse d’exister.Comment savoir si la vérité ne s’égraine pas dans cette labyrinthique machinerie de l’existence?Tout compte fait, nous n’attachons point d’importance au vaste espoir qui nous maintient en vie. Cela va de soi, cela coule, impalpable.La vérité, cette constante si incertaine.Tout s’échange, s’étiole, s’étend. Tout s’agrippe, s’affiche, s’attend.Au croisement de mes yeux tu es là sans l’être vraiment. Alors, je balaye de mon souffle les poils tièdes de ton aisselle.Guetter le moindre mouvement comme s’il s’agissait du plus beau geste tendre.Je me trouve ici, postée à l’angle d’une attente, aussi vaine et curieuse qu’à mon souvenir lointain.Et ainsi vais je…Et ainsi va. Ce cycle, maillons de pertinences immuables. Falaises cachées de désirs.
Le corps humain, toujours et encore pour m’interroger sur notre nature animal. Ce corps qui me définie, qui me coupe des autres, qui me pèse et qui me porte, qui est moi.